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« Access to oocyte cryopreservation and medically assisted reproduction for trans men in France »/ “Accès à l’atoconservation des ovocytes et à PMA pour les personnes trans en France”.

Sylvie Morel est co-responsable scientifique de la recherche « Access to oocyte cryopreservation and medically assisted reproduction for trans men in France », financée par le Ferring Grant dans le cadre de l’appel à projet « Equity in Reproductive Medicine and Maternal Health 2022 ». Recherche en collaboration avec Arnaud Reignier, Médecin biologiste, MCU Nantes Université, PH au service de biologie et de médecine de reproduction du CHU de Nantes. 

Dans le cadre et autour de cette recherche qui se poursuit au-delà du financement obtenu en réponse à cet appel à projet, deux bourses Gender ont été obtenu auprès du Cluster Gender de Nantes Université.

Plusieurs conférence ont été réalisées, un chapitre d’ouvrage a été publié et des articles sont en cours :

  • Colloque du programme Cesam LGBTQI – Prendre soin des LGBTI+: Évolutions et défis d’un champ d’actions et de recherches. Arnaud Reignier, Sylvie Morel, « L’accès à  la préservation de fertilité par les personnes trans : le rôle des professionnel.le.s », MSH Ange Guépin, 18-19 janvier 2024.
  • 30ème séminaire de la Fédération Française des CECOS. Arnaud Reignier, Sylvie Morel, « Parentalités des personnes transgenres », Rouen, 20, 21, 22 mars 2024.
  • Morel S., Reignier A., « Comment la parentalité vient aux personnes trans ? Préservation de la fertilité et  accès à l’AMP pour les hommes trans ».  Journée d’étude Normes procréatives et pluralité du “devenir parent, 27 juin-1er juillet 2022, Université de Lyon 1
  • Morel S., Reignier A., « L’accès à l’autoconservation des gamètes et la PMA par les personnes trans », Présentation d’un Poster dans le cadre du 2ème Congrès Trans-Santé France/FPATH, Les 6-7 octobre 2022, Université Lyon 2.

Reignier A., Morel S., « Expériences trans en CECOS : normes procréatives, évolutions juridiques et positionnements professionnels » In : Elsa Boulet, Ronald Guilloux, Enfanter, entre normes médicales et représentations sociales, Editions Erès, 2024.

Morel S., « Urgence et tri des patient.e.s. Entre normes médicales et économiques, quelle éthique du soin possible ? »In : Weil-Dubuc (dir), La valeur de la santé. Questionnements à la croisée de l’éthique et de l’économie, Editions Erès, 2024

Le 17 mars 2020, le Parisien titrait : « Coronavirus : “ Il va falloir choisir” entre les malades, admettent des soignants ». Une infirmière épuisée confiait au journaliste : « Oui, on commence à trier les patients ». À travers les témoignages de soignant.e.s diffusés dans les médias et sur les réseaux sociaux, on découvrait en effet que dans un contexte de pénurie de lit de réanimation, d’appareil respiratoire, de lit d’aval, de gel hydro-alcoolique, de masque, de test de dépistage, de surblouse mais aussi, de personnel soignant dont les effectifs ont été réduits ces dernières décennies (Juven et al., 2019), des médecins ont été contraints de faire un choix difficile entre les patient·e·s pouvant accéder aux soins de réanimation et ceux qui n’y avaient pas accès : entre « faire vivre et laisser mourir » (Foucault, 1976).

L’indignation suscitée par cette visibilité soudaine des pratiques de « priorisation des vies en fonction de leurs valeurs supposées » (Weil-Dubuc, 2020) a engendré une forme de « panique morale » (Cohen, 2002) liée à une « crainte de la hiérarchisation des droits de vie, alors que le fondement de notre démocratie est l’égale dignité de toutes les vies[1] ». Cette panique s’est traduite par la production dans l’urgence d’une multiplicité de normes disciplinaires visant à réguler la population tandis qu’une importante production d’écrits consacrée aux questions éthiques du tri et de la valeur des vies circulait dans l’espace public. Pourtant, au même moment, de nombreux médecins rappelaient dans les médias que la pandémie n’est qu’un révélateur de pratiques qui constituent pour eux et elles une « routine d’exception » (Lefève et al., 2014). Sur ce point, la littérature sociologique nous enseigne en effet que les pratiques de tri à l’entrée des services d’urgence et de réanimation médicale sont quotidiennes. Dès lors, la question n’est pas de savoir si le tri existe ou non, mais d’interroger les normes à partir desquelles les vies sont catégorisées, hiérarchisées, évaluées, ce que Didier Fassin nomme « les politiques de la vie » :

Là où l’auteur de La Volonté de savoir (Foucault, 1976) fait de la biopolitique un ensemble de technologies destinées à réguler et normaliser des populations, je m’attache bien plutôt à comprendre les principes à l’œuvre dans le gouvernement des vies […] je cherche à appréhender les formes de jugement et les systèmes de valeur qui ont les existences humaines pour objet : ce que l’on peut appeler des politiques de la vie (Fassin, 2010).

…………


[1] Propos de Frédérique Leichter-Flack recueillis dans un article pour le magazine La Vie : « Covid : le tri médical, de l’horreur morale au défi éthique », La Vie, 3/12/2020.

Morel S., Arnaud R., “Expériences trans en CECOS : normes procréatives, évolutions juridiques et positionnements professionnels, In : Boulet E., Guilloux R., Enfante, entre normes médicales et représentations sociales, Erès, 2024.

Le 17 août 2022, une affiche du Planning familial montrant une personne posant ses mains sur le ventre rond d’un homme transgenre, et accompagnée de la légende « Au planning, on sait que des hommes aussi peuvent être enceints », est publiée sur Twitter. L’objectif de cette campagne de communication, destinée initialement à être exposée au sein des antennes locales, est de réaffirmer le principe d’accueil inconditionnel des personnes quelle que soit leur identité de genre.
La diffusion de cette affiche suscite rapidement une vague d’indignation sur les réseaux sociaux prenant la forme de nombreuses attaques provenant majoritairement de personnalités d’extrême droite qui accusent l’association de répandre « une idéologie grotesque et mensongère », de promouvoir « la théorie du genre » et une logique « antiscience ». Au nom de « l’intérêt général » et de la protection des enfants (#ProtegeonsNosEnfants), elles réclament alors la suspension des subventions étatiques accordées au Planning familial. En réponse à ces attaques, l’association rappelle son principe d’accueil inconditionnel de toute personne se présentant dans ses centres. Elle précise que la loi du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIème siècle permet désormais aux personnes trans d’effectuer leur changement de sexe à l’état civil sans être contraintes de faire un suivi psychiatrique, mais aussi d’apporter la preuve « irréversible et médicale d’une transformation physique », un texte souvent interprété par les juges comme le fait d’apporter la preuve de leur stérilisation…

Morel S., « Urgence et tri. La production de files d’attentes socialement stratifiées pour l’accès aux soins d’urgence », Acte de la recherche en sciences sociales, décembre 2023

Résumé

La littérature sociologique consacrée à l’hôpital et plus particulièrement aux services d’urgences a depuis longtemps documenté l’existence d’un tri des patient‧e‧s, qui a pour fonction de les faire attendre ou non, en vue de les inclure vers la filière de soins appropriée à leur état. À partir d’une relecture des journaux de terrain au prisme d’une sociologie politique de l’attente, nous proposons ici d’appréhender les filières de soins comme autant de files d’attente pour l’accès aux soins d’urgence mais, aussi, de penser le tri comme un dispositif de gouvernement de/par l’attente. Nous montrerons ainsi que ce dispositif produit des files d’attente différentes et socialement stratifiées ayant chacune sa politique du tri dont les contours se définissent dans sa relation avec les autres. Une statistique « armée » par l’ethnographie révèle que les disparités repérées sont le signe d’une qualité de soin variée selon les files d’attente, celle-ci étant appréciée à l’aune du temps d’attente. Sa mesure ethnographique permet de révéler in fine l’existence d’un accès aux soins d’urgence à plusieurs « vitesses sociales ».

https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2023-5-page-100.htm